Les technologies sont prêtes, il reste maintenant à mieux organiser le secteur de la santé et à harmoniser les processus.
Le plan de transformation de la santé n’était pas au programme du candidat Macron. Mais face à la situation du système de soins français et aux sonnettes d’alarme tirées par les professionnels du secteur, le Président a présenté début septembre un plan comportant plus de cinquante mesures. La plus marquante est sans doute la fin du « numerus clausus ». Par son ampleur, ce plan est comparable à celui réalisé en 1958, année de la création des centres hospitalo-universitaires (CHU). Cette réforme systémique comporte un volet numérique, présenté dans l’un des six rapports à l’origine de ce plan, sobrement intitulé « Accélérer le virage numérique » (fichier PDF). Une mesure envisagée est par exemple la systématisation de la prise de rendez-vous en ligne avec un praticien, comme le proposent d’ores et déjà plusieurs sites Internet.
Des dispositifs médicaux connectés
Il est vrai que le secteur médical englobe aujourd’hui « toutes les technologies du numérique : acquisition de données, communication, analyse de ces données », rappelle Stéphane Regnault, président du Snitem (Syndicat national de l’industrie des technologies médicales). D’un point de vue technique, les progrès accomplis sur les dispositifs médicaux sont palpables : assistance physique aux personnes âgées avec un robot, télésuivi de patients apnéiques grâce à des objets connectés, recours à l’intelligence artificielle (IA) pour les analyses d’imagerie médicale… A la clé de ces nouveaux dispositifs médicaux : des soins plus efficaces, des gains de temps – pour le patient comme pour le praticien – une meilleure évaluation de ces dispositifs, un retour systématique du patient sur son ressenti…
Outre les dispositifs médicaux, c’est sur l’analyse et le traitement de données que des avancées sont attendues, notamment grâce à l’IA. Les enjeux cruciaux sur ce point concernent l’hébergement, la sécurité et l’interopérabilité des données recueillies. La blockchain est une des technologies envisagées pour répondre à cette problématique. Reste que pour que les différents acteurs du secteur s’entendent, une réorganisation s’impose, avec des règles et des normes communes.
Des questions éthiques
Ces règles sont d’autant plus importantes en ce qui concerne l’IA, puisque celle-ci soulève d’inévitables questions d’éthique. L’IA doit-elle être juste une aide au professionnel de santé ou peut-elle prendre des décisions ? Comment déterminer le partage des responsabilités entre l’algorithme et le praticien ? Peut-elle servir à augmenter les capacités humaines et où fixer les limites (transhumanisme) ? Pour répondre à ces problématiques, professionnels de santé, législateur et grand public doivent entrer dans une logique collective et prospective avec toujours pour le même objectif : mieux soigner.
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