A l’image du succès de Joe Lubin et de son entreprise ConsenSys, la blockchain laisse entrevoir un web décentralisé et assurant des échanges en toute confiance.
Qu’ont en commun l’Ukraine et le Kenya ? Certainement pas le climat ! Ces deux pays testent la blockchain dans le cadre du vote électronique. Une expérimentation succédant à celle menée par la prestigieuse Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. L’environnement de test de la Commission électorale centrale de l’Ukraine, qui repose sur 28 nœuds, permet de tirer parti de la caractéristique essentielle de la blockchain : l’impossibilité de modifier une information enregistrée. Dans la pratique, il s’agirait de mettre en place un tel nœud dans chaque bureau de vote, ce qui coûterait environ 1000 euros. C’est d’ailleurs cette même caractéristique qui pousse la commission électorale kenyane à envisager la blockchain comme garante des résultats des prochains scrutins, sachant que les élections sont régulièrement contestées dans ce pays.
Rendre le monde plus collaboratif
La blockchain employée pour assurer la transparence d’une élection, nul doute que Joe Lubin l’avait prévu. Le patron de ConsenSys (900 salariés) a développé une expertise pointue autour de la plateforme d’échange décentralisée et sécurisée Etherum, dont il est le cofondateur. Etherum s’appuie sur une cryptomonnaie, l’ether, équivalent du célèbre bitcoin, mais en plus performant. Si l’ether a fait sa fortune – estimée entre 1 et 5 milliards de dollars – Joe Lubin voit dans la blockchain en général et Ethereum en particulier un moyen de « transformer le monde en un monde plus collaboratif, équitable et de confiance ».
Avec la blockchain, les transactions et échanges sont sécurisés par chacun des membres de la chaîne, sans devoir passer par un organisme de certification central (ou tiers de confiance) tel qu’un gouvernement. Avec à la clé une réduction des coûts, puisqu’il n’y a plus de commissions à verser aux intermédiaires.
Si le bitcoin a une réputation sulfureuse (accusé de faciliter le blanchiment d’argent ou l’achat de produits illicites sur le dark web), ConsenSys envisage pour l’ether des applications nettement plus respectables. Parmi elles, une application pour éviter la surpêche du thon, ainsi que « Ujo Music » qui permet aux artistes de récolter eux-mêmes leurs droits d’auteur grâce à un jeton joint à leurs morceaux. Ce principe d’attacher un jeton (ou « token ») à n’importe quel produit ou service (bulletin de vote, permis de conduire…) rend transparente toute transaction, entre des personnes qui n’ont pas besoin de se faire confiance.
Les problèmes en passe d’être résolus
Joe Lubin est conscient des limites de la blockchain. On accuse cette dernière d’être très coûteuse en énergie à cause des serveurs qui tournent à plein régime pour valider une transaction ? Il répond qu’une prochaine modification du logiciel d’Ethereum apportera plus d’efficacité. Les vols de jetons virtuels – qui peuvent s’échanger contre de l’argent bien réel – sont fréquents ? Juste une question d’interface à sécuriser. Mais en aucun cas la faute à la blockchain elle-même, assure Joe Lubin.
Pour aller plus loin :
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