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La ville intelligente sera-t-elle plus humaine ?

Chronique d’Eric Gourrier, Business Solution Strategist, VMware France

« Connecting the Citizen » se tenait à Bruxelles le mois dernier. Cette conférence analysait tout particulièrement le rôle des infrastructures IT dans les villes intelligentes et comment de nouvelles sources de données pouvaient être valorisées pour développer de nouvelles applications à destination des citoyens.  Je représentais VMware à cette conférence. Voici une synthèse de mon intervention.

Tout au long de son histoire, l’homme s’est méticuleusement appliqué à consommer les ressources de la planète pour améliorer son mode de vie. Une pratique qui atteint aujourd’hui ses limites puisqu’au mois d’aout de cette année, nous vivions déjà à crédit après avoir consommé autant de ressources que notre planète pouvait en produire. Offrir un avenir prometteur aux nouvelles générations relève d’un véritable pari quand on sait que la population mondiale comptera 9 milliards d’habitants en 2050 dont plus de 70% vivront dans des zones urbaines. Depuis les embarras de Paris narrés par Boileau dans son poème, les villes n’ont cessé de cumuler les maux. Nous devons tirer les leçons des mégapoles chinoises confrontées à des situations de pollutions et de congestion de trafic routier inégalées. Face à la densité de population annoncée, un changement radical de fonctionnement et d’utilisation des zones urbaines s’impose.

Smartcity : un projet sociétal avant tout.  Une ville intelligente ne consiste pas seulement à moderniser les services urbains existants à l’aune des technologies du numérique. C’est un véritable projet avec une vision du mode de vie que l’on souhaite proposer aux citadins. La transversalité des fonctions vitales d’une ville connectée doit favoriser les synergies d’expériences, d’intelligence et apporter des solutions innovantes afin de réduire le gaspillage énergétique, lutter contre la pollution, s’attaquer aux embouteillages et résoudre les problèmes de stationnement. La ville intelligente se conçoit autour de sous-ensembles intelligents (véhicules, magasins, hôpitaux, bâtiments, habitats) conçus pour faciliter la vie d’un citadin lui-même augmentées par l’intermédiaire de son smartphone ou de ce qui le remplacera à l’avenir.  Le réel enjeu n’est pas de moderniser les modèles existants par l’intégration des nouvelles technologies, il faut réinventer la ville en imaginant les nouvelles formes de travail, de loisir et de transport. La ville de demain ne doit pas être une ville technologique mais la technologie doit être utilisée pour recréer des lieux de vie, renforcer les liens sociaux, rompre avec l’isolement. Elle devra anticiper les usages à venir voire en proposer de nouveaux comme le font New York et Atlanta en imaginant déjà l’intégration des voitures sans conducteurs aux systèmes de transport en commun.

Préserver le droit à la vie privée : la tentation des données. Les données jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement d’une ville intelligente. La variété des capteurs disponibles aujourd’hui permet de tout mesurer. Ils traduisent l’espace physique en données numériques. Il devient possible de piloter en temps l’environnement urbain. L’utilisation grandissante de l’intelligence artificielle ouvre des perspectives sans limites pour exploiter toutes ses données et offrir un foisonnement de nouveaux services aux citadins. L’image d’une ville remplie de capteurs et de cameras peut cependant inquiéter et on doit aussi s’interroger sur les contreparties demandées aux individus par des grands acteurs du numériques (Sidewalk CityLab, Waze Connected Citizen de Alphabet/Google, Uber ou Facebook) pour offrir des services urbains présentées comme gratuits. Le Laboratoire d’innovation numérique de la CNIL a publié en octobre un cahier très intéressant sur le sujet : « La plateforme d’une ville – Les données personnelles au cœur de la fabrique de la smart city ».

Bâtir les infrastructures du futur.  L’avenir des grandes villes modernes dépendra de la qualité de leurs infrastructures et de leur capacité à s’adapter à l’évolution du nombre d’habitants et des usages. Aux infrastructures urbaines traditionnelles (routes, canalisation, réseaux électriques, réseaux de transports urbains) viennent se superposer les infrastructures informatiques (réseaux, serveurs, stockage).  Infrastructures urbaines et infrastructures numériques doivent se conjuguer pour augmenter l’expérience de l’usager à l’image du Grand Paris qui intègre le numérique aux nouveaux métros pour assurer un continuum des services de l’habitat au lieu de travail et rééquilibrer la vie économique et sociale entre les territoires et les quartiers. Ces infrastructures numériques forment le véritable système nerveux qui alimente la ville intelligente en données et supporte les multiples applications hébergées dans nos smartphones. C’est sur ce système nerveux que va se greffer un large écosystème riche et complexe qui englobe de nombreuses technologies et de multiples entreprises. Pour que cet écosystème collabore et participe harmonieusement à l’intelligence de la cité, il devra partager des plateformes d’intermédiation (appelées souvent « plateformes IoT ») pour faciliter la coordination et la connexion aux infrastructures. VMware s’est logiquement positionné sur la plateforme IoT en annonçant le 9 mai 2017 VMware Pulse IoT Center

L’importance de ces infrastructures numériques va aller grandissante. Elles doivent être conçues pour une population croissante et des usages qui restent à imaginer. Dans une société tout numérique, le dysfonctionnement et la cybercriminalité ont des conséquences immédiates qui peuvent vite prendre de l’ampleur. La cybersécurité de nos villes restera un enjeu majeur et sera certainement, dans le futur, pris en compte dès la conception des produits et des architectures. Reste à impliquer le citoyen pour que la ville soit à l’image de ce qu’il espère.

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