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Apocalypse Now : Le monde numérique en panne

Chronique de Sylvain Cazard, Vice-Président de VMware en France

Le digital rentre dans une ère d’industrialisation où la réalité ne lui fera aucun cadeau. Pour tenir ses promesses l’économie numérique doit donc pouvoir compter plus que jamais sur des infrastructures techniques modernisées dans un contexte où le déploiement d’objets connectés et les enjeux de sécurité s’amplifient.

L’apocalypse numérique ressemblerait à un monde sans application ! C’est ainsi qu’Apple a ouvert en Juin à San José sa Worldwide Developers Conference 2017 à l’aide d’une vidéo très parlante. Un nouveau venu quelque peu distrait débranche malencontreusement un centre informatique et le cauchemar commence… Toutes les applications disparaissent.

Si Apple veut nous montrer que nous sommes devenus addicts aux Apps, c’est réussi. Par la même occasion il souligne le rôle critique des infrastructures IT hébergées dans les datacenters et dans le cloud. Pas besoin de beaucoup d’imagination pour entrevoir le pire. Le 27 mai 2017 British Airways a été paralysée, ses avions cloués au sol et 75.000 passagers bloqués dans 170 aéroports dans le monde pour une panne électrique. Le ransomware Wannacry nous a donné un avant-gout d’un scénario catastrophe en touchant Renault, Telefonica mais aussi des hôpitaux et des universités.

L’apparente simplicité du numérique. Le numérique a donné un sentiment de simplicité et le cloud nous a libéré des contraintes matérielles. Les nouveaux usages accessibles sur les smartphones ont tendance à nous faire oublier la complexité technique qui sous-tend notre joli monde numérique. Le numérique est devenu un vaste marché, tout le monde veut en être. Démarrer vite pour faire la course en tête, devancer ses concurrents avec de nouveaux services, innover coûte que coûte en jouant la rupture.  Rien à redire si ce n’est qu’à un moment ou un autre se pose la question de l’industrialisation. Il est bien beau de parler à tout bout de champ de l’expérience client mais cela n’a de sens que si les services qui la composent sont fiables et stables dans le temps. Désormais tout le monde a compris qu’il était vital de prendre le virage du digital mais la fête du digital peut vite se transformer en cauchemar si le projet n’a pas été mené avec rigueur et méthode.

L’industrialisation doit succéder à l’expérimentation. C’est en substance ce qu’a rappelé Jean-Laurent Bonnafé, Directeur General de BNP Paribas, lors de l’assemblée générale des actionnaires. Il a expliqué très justement « qu’il faut faire évoluer très significativement notre informatique. La plus grande partie des 3 milliards seront consacrés à nos systèmes d’information : il faut investir rapidement et beaucoup, car les systèmes d’information d’avant ne permettent pas le bon niveau de digitalisation. » (lire l’article de La Tribune). L’hyper connexion amplifie la pression sur le système d’information. Semblables aux terminaisons d’un gigantesque système nerveux, des milliards d’objets connectés vont prolonger la digitalisation des entreprises et de notre société dans les moindres recoins. L’automatisation de nombreux processus industriels dépend déjà de l’analyse des données émises par une large variété de capteurs. Les bâtiments, les magasins, les aéroports, les transports, les villes deviennent intelligents à leur tour en adoptant l’internet des objets (IoT). Invisibles pour l’utilisateur les infrastructures IT se rappellent à notre bon ou mauvais souvenir à la moindre défaillance.

Pourquoi tant s’inquiéter des infrastructures aujourd’hui.  Le développement des usages numériques et le déploiement des objets connectés accroissent la dépendance vis-à-vis des infrastructures IT. Notre tolérance au moindre dysfonctionnement diminue proportionnellement. Les entreprises doivent aujourd’hui concilier des objectifs antagonistes : Répondre à des exigences élevées (performances, disponibilité, sécurité) alors que le changement est devenu la règle et que la responsabilité se répartit entre founisseurs de clouds et directions informatiques. Cela demande sans aucun doute de nouveaux modes de gouvernances, une gouvernance augmentée, c’est-à-dire une gouvernance qui embarque l’ensemble de l’écosystème. De nombreux partenariats entre éditeurs, constructeurs et fournisseurs de cloud montrent que le mouvement est déjà en marche.

Imaginons les nouveaux usages, recherchons de nouvelles expériences clients mais n’oublions pas que les infrastructures IT et le cloud doivent rester un socle fiable et industriel. Prenons garde de ne pas céder aux sirènes de l’externalisation « low cost » qui hypothéqueraient l’image et le devenir de toute la transformation digitale indispensable de l’entreprise.

Lisez également le précédent billet de Sylvain Cazard « La cybersecurité fait son entrée au Comex »